Technique

Qu’est ce que le skin-on-frame ?

C’est l’adaptation moderne de la technique de construction des kayaks inuits qui existe depuis un millénaire, et qui leur a permis de construire des embarcations capables d’affronter les pires tempêtes sur des centaines de kilomètres dans les mers les moins accueillantes qui soient, et ce avec les matériaux trouvés sur place. Bien sûr, le bois de scierie remplace le bois flotté échoué sur leurs cotes (pas d’arbres sur la banquise !), la toile de nylon remplace des peaux de phoques, le tendon artificiel remplace le tendon naturel, etc.

Les pièces de bois de l’ossature sont liées entre elles et non collées, pour permettre la souplesse dont dépend en partie la solidité, l’acacia est cintré à la vapeur et emboîté sans colle dans les mortaises des bauquières, et la toile tendue sur le tout solidarise l’ensemble, garantit l’hydrodynamique, et une fois enduite, assure l’étanchéité.

Pourquoi le skin-on-frame ?

J’étais plutôt parti dans l’idée de construire des canoës en bois, mais il n’a pas fallu longtemps pour changer d’avis.

– le poids :

la technique du Skin-On-Frame permet de construire un canoë de 15 kg.

Son jumeau en bois ou en plastique pèse de 30 à 45 kg, et reste dans le jardin ou le garage : rien que l’emmener au bord de l’eau est déjà une aventure épuisante et compliquée. Le canoë SOF se pose seul sans problème sur le toit d’une voiture, ou se tire facilement à pied ou derrière un vélo à l’aide d’une remorque adaptée et légère.

Un canoë gonflable est finalement aussi lourd qu’un canoë rigide plastique, demande de longues minutes épuisantes de gonflage avant utilisation (dans la plupart des cas en réalité, il reste gonflé en permanence !) et colle tellement à l’eau qu’il n’avance pas et finit avec son cousin en plastique rigide dans le garage, ou sur leboncoin !

– la solidité :

le SOF est construit de façon à conserver une vraie souplesse. Outre le rendement supérieur que cela lui confère (moins de chocs dans les vagues, moins de freins), cela lui permet d’absorber les rencontres inopinées (branches, rochers,…) sans en souffrir. La toile en nylon balistique (celle des gilets pare-balles!) se déforme puis reprend sa place, le squelette où les pièces de bois sont liées et non collées entre elles fait la même chose. Il ne craint que les barbelés et les cutters, comme un gonflable… assez facile à éviter… si c’est bon pour un inuit qui lui confie sa vie en pleine tempête entre les icebergs, c’est bon pour moi !

– l’environnement :

sur un canoë SOF de 15 kg, j’ai 12 kg de bois et 3 kg de plastique (toile nylon, résine polyuréthane, colle).

Le bois est français (thuya de normandie et acacia du grand ouest), et travaillé le plus possible à la main, dans un atelier où l’électricité est 100 % verte (Enercoop) et le chauffage fourni par les chutes de bois (poêle de masse).

Par comparaison, un canoë en plastique de 35 kg contient 35 kg de plastique ! 🙂

Et étonnamment, un canoë tout bois de 30 kg en petites lattes de red cedar (d’Amérique du nord) contient en moyenne 13 kg de plastique ! (résine époxy, vernis, colle). il est en effet stratifié intégralement à l’intérieur et à l’extérieur. Sans parler de la toxicité de la résine époxy pendant des années…

– le prix :

un canoë SOF demande un outillage assez simple, peu de matériaux et est assez rapide à construire (une petite centaine d’heure). Cela lui permet d’être vendu à moins de 2000 €, pour un rapport qualité prix très intéressant. Soit le prix d’un rigide plastique de qualité correcte, mais beaucoup trop lourd, esthétiquement discutable, et tellement moins éco-responsable.

Un canoë en petites lattes de red cedar est un objet magnifique (trop pour être utilisé en loisirs ?), mais il est impossible (temps et matériaux) de le vendre à moins de 4500 à 6000€.

– sur mesure :

Je ne suis pas une grande usine automatisée qui fabrique à la chaîne. Je construis à la demande. Je ne peux donc pas vous envoyer votre bateau dans la journée, il vous faudra patienter quelques semaines.

Par contre, je peux construire un kayak qui corresponde exactement aux dimensions de votre corps, adapté à la largeur de vos hanches, la longueur de vos bras, le programme que vous envisagez avec, plus de stabilité, ou plus de vitesse, ou plus d’habitabilité, c’est vous qui décidez.

Je peux construire une annexe de 3m07 parce que vous avez 3m09 entre l’écoutille et la rambarde sur votre voilier pour la ranger.

Je peux construire un tout petit canoë rose pour les 7 ans de votre petite dernière. Ou jaune !